En juillet 1932, je voyageais avec un ami dans la sauvage région qui s'étend entre Laroche et Houffalize. Nous avions passé la nuit sur un fenil au hameau de Maboge. Dans la brume matinale, après une toilette sommaire au bord de l'Ourdie et un déjeuner frugal dans la cuisine du fermier, nous étions partis pour Bérismenil et Nadrin, vers le rocher du Hérou. Nous revenions vers notre gîte, en suivant la vallée où la rivière capricieuse enlace les collines de méandres charmants. Les jambes nues, nos souliers dans les mains, pour abréger notre route, nous passions un gué, escaladions une pente, traversions des prairies où les herbes sèches, récemment fauchées, nous piquaient la plante des pieds. Ce genre de promenade est à la longue un peu fatigant. Nous nous sommes assis à l'ombre d'un buisson. Au-dessus des crêtes boisées, tournaient de lourds vols d'éperviers dont les cris tristes et stridents vrillaient la chaude atmosphère de midi. Ouvrant mon « Cosyn », j'ai trouvé, dans les lectures de voyage, un article sur Gêna et Magonette qui m'étaient jusqu'alors inconnus. Quel plaisir de lire, sur le théâtre de leurs exploits, les légendes des sorcières ou des brigands ! Le récit y [...]
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