Ce titre s’inspire de faits réels qui se sont déroulés en avril 2013 en Belgique. Profitant des vacances de printemps, deux jeunes élèves mineurs, sans histoire, quittent alors le pays pour partir combattre en Syrie... Ce départ plonge littéralement leurs proches dans la consternation. A l’école, tous sont sous le choc. Frank Andriat, enseignant dans l’établissement où sont scolarisés ces deux jeunes, est lui aussi touché de plein fouet par ce départ inimaginable. Leur cas n’est cependant pas exceptionnel puisque, à l’époque, ce sont des centaines de jeunes Européens qui sont embrigadés de la sorte dans les rangs de la rébellion syrienne. Si le point de départ est bien factuel, l’auteur le précise dans les premières pages, le récit qu’il en fait ainsi que les personnages qu’il dépeint appartiennent eux au domaine de la fiction. Le lieu est également changé puisque l’histoire racontée se déroule en France. La fiction lui permet d’aller bien au-delà d’une simple chronique d’actualité et de nous livrer un récit choral où se multiplient les points de vue et les questionnements par rapport à l’événement et ses conséquences. Ainsi, s’alternent avec énormément de justesse les lettres de Myriam, jeune élève ébranlée dans sa foi en un islam de paix et de tolérance et dans ses sentiments à l’égard de Wassim, l’un des deux jeunes partis en Syrie ; la lecture qu’en fait son professeur de français qui tente de lui apporter des réponses alors qu’il est lui-même en plein doute et le témoignage d’un élève anonyme de la classe qui vit les événements aux premières loges. A cela s’ajoute, en épigraphe de chaque chapitre, des extraits du journal de Youssef, un autre élève proche des deux élèves partis combattre. Par ce biais, le lecteur est témoin de l’endoctrinement progressif dont il est victime.
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